Dans le cadre de la Journée Mondiale de la douleur, le 3ème lundi du mois d’octobre, rencontre avec Georges Vigarello, Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) qui revient sur l’histoire de la douleur. Les actes douloureux en médecine préoccupent toujours les Français puisque, dans une récente enquête Ifop menée par Air Liquide HealthCare, 1 sur 3 déclare appréhender la douleur à l’annonce de la réalisation d’un acte médical. Cette peur de la douleur a fait l’objet, cette année, d’une campagne de sensibilisation, « Même pas peur, même pas mal », auprès du grand public et des professionnels de santé.
De la sensibilité et de l’impuissance du médecin « traditionnel »
« Face à leur propre impuissance, les médecins traditionnels ont longtemps eu tendance à faire abstraction de la douleur jusqu’à ce que leur sensibilité médicale progresse au fil du temps. A titre d’exemple, dans l’Antiquité, quatre types de douleurs sont référencées ; au XVIIe, une dizaine ; au début du XXe, plus de 100 et au XXIe siècle, l’étude EPIPPAIN (Épidémiologie et prise en charge des gestes douloureux chez les nouveau-nés en réanimation) recense plus de 60 000 gestes douloureux chez les nouveau-nés », raconte Georges Vigarello.
L’émergence d’une prise de conscience : ne plus souffrir
« La prise de conscience du malade émerge à la fin du XVIIIe siècle. Les individus se sentent progressivement moins dépendants des autres et gagnent en autonomie. Le droit à l’existence et au refus de la souffrance s’exprime. Aujourd’hui, le changement réside dans une considération intrinsèque de la douleur. Actuellement, on lui dédie des centres qui la traitent comme telle. »
Une relation à la douleur « asymétrique »
« Il reste indiscutablement une certaine « distance » face à la douleur. On est affecté par la souffrance de ses enfants, de son conjoint, mais en même temps cette douleur reste lointaine. Cette difficulté majeure anthropologique est liée à la structure même de l’individu, à la relation asymétrique qui lie celui qui regarde et celui qui souffre. Aujourd’hui, le rapport à la douleur a évolué que ce soit chez le patient, son entourage et les professionnels de santé. »
En effet, 55 % des personnes interrogées déclarent souhaiter bénéficier d’une solution pour prendre en charge l’anxiété et/ou la douleur induite par un geste médical si leur médecin le leur proposait.
Source : Enquête Ifop/Air Liquide Healthcare réalisée du 15 au 19 janvier 2015 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes de 18 ans et plus