La profusion d’informations santé, source de confusion pour le public
Les informations portant sur les questions de santé sont produites à profusion sans qu’elles soient reliées les unes aux autres. L’information communiquée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) concernant la dangerosité de la viande et de la charcuterie en est un exemple qui laisse entendre que la principale source de nutrition de l’homme doit être bannie sans mise en perspective, sans aucune explication sur les enjeux de cette information. Le public est ainsi régulièrement confronté à une cacophonie sur l’information santé. En effet, la presse santé est constituée d’une presse spécialisée dans le domaine de la médecine, mais aussi d'une presse ‘’bien-être’’ grand public créant une tension entre l’information d’origine scientifique et celle orientée sur l’hygiène de vie. Le manque de mise en perspective de cette information, diffusée sans lien d’une information à une autre, traitée parfois par des journalistes différents, pose également le problème de sa hiérarchisation. La mise à disposition facile et immédiate de tout type d'information peut également avoir un effet stressant sur le public et créer la confusion.
Une crise de confiance problématique
Il est toujours très compliqué d’interpréter ce que vont être les comportements du public à l’égard de telle ou telle information. Il faut résonner en terme de ‘’bruit’’ général. Le sentiment que le média n'est pas une source fiable s'est progressivement développé dans la société. Aujourd’hui, les interrogations portent sur la relation entre ce que produisent les médias y compris sur le numérique et ce que peut lire le public sur les réseaux sociaux. La question de la crise de confiance est problématique, elle est venue des questions posées par le public sur la fiabilité de l’information, son manque de rigueur et de mise en perspective. Les rédactions doivent être davantage vigilantes sur ces points. L'intervention d'experts peut précisément éviter de tomber dans des modes de vulgarisation trop simplistes, car le public expérimente dans sa vie de tous les jours les informations de santé et a un niveau d’éducation et de réflexion bien supérieur à autrefois.
Des instances pour garantir la qualité des informations
Davantage de moyens, de ressources, d’Observatoires doivent être mobilisés pour garantir au public la fiabilité de l’information publiée. La formation des journalistes est aussi extrêmement importante. Les écoles de journalisme doivent proposer aux jeunes des spécialisations techniques, mais aussi des ouvertures dans un certain nombre de domaines comme l’information scientifique et de santé. Il faut également réfléchir à la manière d’intégrer davantage à la compétence des rédactions, la compétence d’experts extérieurs. Tous ces éléments clés font partie d’une forme d’acculturation qui devra être développée dans les rédactions permettant ainsi de sortir d’une baisse de qualité en matière de rigueur dans le traitement de domaines de plus en plus évolutifs et complexes.
Interview réalisée dans le cadre de l'enquête sur « Les nouvelles pratiques du journalisme de santé » menée par l’Argus de la presse et Capital Image, 2015.
En savoir plus sur le rapport "Presse et numérique. L'invention d'un nouvel écosystème", JMC Charon : ICI
Plus d’information sur Capital Image : ICI
Retrouvez les interviews vidéos : ICI
En savoir plus sur l’Argus de la presse : ICI